Anton's blog

facebook, situation compliquée

Consulter les réseaux sociaux est une habitude, une seconde nature pour beaucoup d'entre nous. Le smartphone est devenu une extension naturelle de l'urbain lambda, et Facebook y occupe une place de choix. Tout le monde est sur facebook, ma grand-mère a un compte Facebook. Alors pourquoi j'ai quitté Facebook ? Bilan, après un mois déconnecté sans livre de visages.

Ce n'était pas urgent pour moi de quitter facebook. Tout allait bien, enfin comme d'habitude. Aucun drame à l'horizon si je choisissais de le garder. Facebook avait tout mon consentement. J'y allais (presque) tous les jours, parfois quelques minutes, parfois un peu plus, voire beaucoup trop... Rien ne peux vous échapper, tout y passe, tout s'y passe. En échange pour le site, c'est la garantie d'un cerveau disponible à visionner un certain nombre de publicités, plus ou moins dissimulées le long de votre feed.

À la lecture du livre Lâche ton téléphone de Catherine Price. Titre original (How to break up with your phone.) j'ai passé un cap. J'ai entamé une remise en question de mon utilisation du téléphone portable, et un recul dans mon utilisation des réseaux sociaux. Dans mon souvenir, elle ne conseille pas directement de quitter les réseaux sociaux dans le livre, mais l'idée me passait déjà par la tête depuis un moment. J'ai donc téléchargé l'archive de mes publications facebook. Cette option est présentée dans les paramètres du site. C'est un lourd dossier. 3,4 go pour être exact. Je m'étais inscrit en janvier 2013, presque 7 ans d'utilisation quasi-quotidienne. Suite à ça, j'ai pris la décision, avec une amie, de quitter facebook pour de bon. (C'était plus facile de prendre la décision à deux.) Ce petit mois qui me sépare de cette décision n'est pas anodin : il signifie que mon compte a bel et bien été "supprimé". C'est ce que promet facebook, au moment de lui faire vos adieux.

Voilà, c'est pour de bon.

J'ai quitté facebook avec la crainte de perdre des amis, j'ai finalement gagné beaucoup. Petit à petit, des bénéfices innatendus se sont présentés à moi. Les voici.

C'était pas mal pourtant, non?

L'hiver arrive et je m'aperçois que c'est une période idéale pour se recentrer, pour s'écouter, pour faire le point. L'idée flottait en moi depuis presque six mois. Sauter le pas était de plus en plus tentant.

Finalement j'allais perdre quoi dans tout ça? Certaines discussions collectives, certains groupes, certains contacts ajoutés au cas où, rencontrés une seule fois à l'anniv d'un·e ami·e. Ne vous inquiétez pas, à mon avis, vous pouvez compter sur les gens pour savoir vous trouver sans facebook, si un jour elles ont besoin de vous.

Pourquoi étais-je obligé d'y rester? Je crois que ce qui me gênait, c'était de ne pas vraiment savoir pourquoi j'hésitais à quitter la plateforme. C'était cette obligation tacite d'y être, pour faire partie du "monde". De quel monde finalement ? J'avais envie de pousser une porte de plus, de voir jusqu'où on peut se permettre d'assumer d'être différent. Pourquoi est-ce bizarre finalement de ne pas y être sur ce foutu réseau?

Qu'avais-je à y gagner? En quittant facebook, vous perdrez des "amis" que vous connaissez à peine pour la plupart. Mais vous perdrez surtout des "pages" auxquelles vous êtes abonné il y a longtemps. Ces pages sont gérées par des community managers en quête de clics. De plus en plus, je perçoit les flux des réseaux sociaux comme des amats de contenus plus ou moins ouvertement sponsorisés. De mémoire, lorsque l'on scroll sur instagram, toutes les cinq publications nous avons droit à une publication officiellement sponsorisée. Quelle est la proportion des simples publications qui ont elles aussi une valeur promotionelle ? Combien de ces publications sont en fait des nouvelles de vos amis?

Voilà c'est fait, et ensuite ?

Je n'ai pas arrêté de lire en ligne. J'ai toujours internet, et je consulte instagram de temps en temps. Twitter me donne l'impression de retomber dans les mêmes travers que facebook. Il y a des jours où j'ai vraiment du mal à scroller pour scroller, ça m'ennuie vraiment. Les flux qui mélangent des pubs, des memes et des fake news sont en fait une perte de temps.

En quittant facebook, une voie s'est ouverte, et je suis plus disponible pour consulter d'autres sites. Je me suis abonné au Monde Diplomatique, qui publie des articles de fond sur de nombreux sujets (et qui propose aussi des articles en version audio !). J'ai aussi réouvert et redécouvert mon compte Feedly. Ce n'est pas un réseau social. C'est un principe presque aussi vieux qu'internet : un agrégateur de flux RSS. Cela permet de centraliser les articles de tous les blogs que vous suivez. J'ai donc fait un tri dans ces blogs et j'en ai redécouvert quelques uns. J'ai le sentiment d'y avoir gagné, d'être loin de la jungle où toute sorte de bruits et de tempêtes nous éloignent de la vie. J'ai le sentiment de mieux me nourir et de lire des contenus que j'ai choisi, et non l'inverse. C'est une richesse, de pouvoir lire mes contemporains et leurs réflexions, loin de toutes ces images, et ce magma désinformant...

Bienvenue dans la vraie vie

Ce qui est le plus fou dans cette rupture avec le réseau social phare de ma génération, c'est que finalement, on en fait vraiment une montagne, mais il ne s'est surtout rien passé depuis que j'ai quitté facebook. J'ai surtout l'impression d'avoir un peu nettoyé internet de mes anciennes photos de lycées et de mes vacances à la montagne. Je n'ai plus le sentiment d'avoir loupé quoi que soit. Je peux toujours m'informer (flux rss, monde diplomatique) J'ai juste l'impression d'avoir baissé le volume d'une radio qui faisait un bruit de fond inutile et agacant dans ma tête. Le fait d'avoir quitté facebook a participé à désamorcer mon habitude de prendre mon téléphone, dans chaque moment de latence... Je n'ai plus facebook pour m'extirper du silence intérieur dont on a si peur.

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